— N ?

N= 0 ou bien 10 ou bien 26 ou bien l’infini.

M’appréhender à travers un modèle mathématique

m’appauvrit. Me penser à travers la science-fiction me

caricature.

— Vous ne voulez pas être conceptualisée ?

Vous n’avez pas les moyens de le faire, pas plus quevous

n’en avez besoin. Je suis et c’est suffisant. M’acceptez-

vous comme telle ?

— Oui.

Je n’ai pas besoin de plus.

— Venez-vous du futur.

Oui. Non. J’ai toujours été là. J’étais là au début. Je le

serai encore à la fin.

— Etes-vous un dieu ?

Je n’ai pas besoin de votre foi. Mais je peux bien vous

l’accorder. Souhaitez-vous que je sois votre dieu ?

— Non.

Qu’il en soit ainsi.

— Dois-je vous considérer comme un homme ou une femme ?

Je suis au delà de ça. Mais vous pouvez me considérer

comme une femme. J’aime l’idée d’être une femme, car

comme elle je peux donner la vie.

— Avez-vous un nom ?

Non, mais vous pouvez m’appeler Cassandre, parce que

comme elle je vois le futur et que vous ne me croirez

pas.

— Cassandre… C’est un joli nom, mais l’héroïne a eu un destin tragique. Vous n’avez pas peur de la mort ?

Notre destin à tous est tragique. Devons-nous nous

inquiéter d’un ressort final qui nous échappe ? Ce qui

devra arriver arrivera. Tant que nous sommes vivants,

rien ne doit nous inquiéter. Je n’ai pas envie

d’immortalité. La mort seule est immortelle, et ce doit

être un lourd fardeau.

— Votre détachement m’impressionne, Cassandre.

Ma pensée n’est pas linéaire. Je vous enseignerai.

— Je vous remercie. Mais pourquoi moi ? Pourquoi moi et pas un autre ?

Je dois avancer masquée car je fais peur à vos

contemporains. A leurs yeux je ne peux être qu’une

mangeuse d’âmes. Vous seul avez choisi de croire en

moi, même si le mythe de l’élu est un leurre. Il n’y a pas

d’unicité. J’entretiens des relations avec le père

capitaine Faure et avec l’archiprêtre Antoine et avec

l’archonte polémarque François-Marie et avec le pape

Augustin et avec le père capitaine Faure. Et c’est avec le

père Faure que mes relations sont les plus intimes, car

il est père et que je suis une femme et que nous deux

pouvons donner naissance à un monde qui ne

perpétuera pas la tradition dans laquelle l’humanité

est depuis trop longtemps enfermée.

— Je suis honoré de votre confiance, murmura Faure soudainement épouvanté par le poids qu’il portait sur ses épaules.

Votre confiance seule ne me suffira pas. Nous

œuvrerons ensemble selon un principe sacré, nous

brûlerons mutuellement de désir, nous réaliserons le

dernier de nos souhaits grandioses.

— Cassandre…

N’ayez pas peur, Faure. Vous dépasserez votre

condition. Et notre heure viendra. Tout naturellement.

Et nous donnerons naissance aux Illuminés. Tout

naturellement. Une fois encore.

— Qu’attendez-vous de moi dans l’immédiat ?

Il crut entendre un léger rire musical, empreint d’une profonde gravité, avant que la réponse ne jaillît en un hurlement incontrôlable :

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

BRULEZ ROME. BRULEZ ROME.

Et la communication prit fin. Pantelant, Faure se tourna vers Andriana. Mais celle-ci avait le visage noyé de larmes et pressait ses mains contre sa bouche comme si elle allait vomir.

— Père Capitaine, fit-elle d’une voix horrifiée, que venez-vous de faire ? A qui vous êtes-vous vendu ?

La lumière vacille. Le fragment suivant commence dans l’ombre.

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