XI – Les mantes – Fragment 1
Cela faisait maintenant un long moment que Faure s’était branché sur l’une des mantes.
Une parabole sur le pouvoir, la croyance,
et la manière dont la technologie cherche à reproduire le divin.
Mais c’est aussi une fable sur la matière,
sur ce qui respire, pousse, résiste, au-delà du contrôle humain.
À travers les fragments du feuilleton,
vous entrerez peu à peu dans la forêt, ses bruits, ses pulsations, ses ombres.
Et peut-être, quelque part, entendrez-vous sa prière.
Le premier fragment vous attend.
Là où tout commence, dans le silence des couloirs de Rome,
devant un cardinal de guerre, dans la bouche d’un homme qui croit encore en Dieu.
Cela faisait maintenant un long moment que Faure s’était branché sur l’une des mantes.
Il avait essayé en effet, une fois et une seule, lorsqu’il avait été confronté pour la première fois aux mantes dans le cadre de sa formation.
Et ce fut tout. Du moins ce fut tout ce qu’il entendît, car dans un sursaut il recula et arracha les connecteurs, rompant la connexion.
Ils s’étaient mis d’accord pour qu’il attendît l’aube avant de partir.
Au bout d’une cinquantaine de mètres seulement, il commença à ressentir l’écosystème unique de la forêt.
Il existait quantité de procédures militaires permettant à un soldat de s’orienter quel que fût le milieu dans lequel il se trouvait.
L’image du ressac était en partie trompeuse.
Il progressait lentement, prenant soin de lever les jambes pour prévenir tout obstacle éventuel.
Quoiqu’il lui tardât de rentrer au camp, Faure convint qu’il ne servait à rien d’agir avec imprudence.
Après avoir cherché ses mots durant de longues minutes, Faure crut qu’il ne parviendrait jamais à partager son expérience.


