VII – Pas plus qu’un bruissement de plumes – Fragment 1
Faure était à peine sorti du bureau qu’il fut pris en charge par un seconde classe. Ils montèrent en silence par les minuscules ascenseurs menant au pont d’envol du Behemoth, et juste avant de parvenir à l’air libre, firent une pause dans les cales d’appontement.
— Je vais vous remettre tout le matériel dont vous avez besoin, Mon Capitaine. Une fois sur zone, l’hélico ne se posera qu’un court instant par mesure de sécurité. Vous serez alors entièrement autonome.
Faure hocha la tête et écarta bras et jambes, tandis que le soldat commençait à fixer sur lui le système de portage et de déplacement rapide. L’exosquelette, très souple et peu encombrant, assurait une vitesse comparable à celle d’un trotteur de course. Divers modules disposés aux points d’articulation de la structure activaient au besoin une bulle temporaire de confinement furtif, ainsi qu’une absence de signature thermique. Le dispositif ne permettait pas de tromper les nez électroniques ou les rares chiens encore utilisés, mais assurait la possibilité d’une retraite prudente en cas très hypothétique de détection. Il s’agissait d’une dotation standard à destination des éclaireurs et des tireurs d’élite qui l’enrichissaient souvent de l’antique costume ghillie. Enfin le soldat déposa sur sa tête le casque lourd qui se déploya sur l’intégralité de son visage. Immédiatement, la visière blindée afficha l’ensemble des informations tactiques disponibles, une accumulation de données souvent préjudiciables à analyser en plein combat et que chacun pouvait heureusement personnaliser. Faure réduit l’interface à sa simple expression, radar de menace et vue « naturelle » sans vision augmentée ni optique d’agrandissement. Après avoir récupéré couteau, pistolet et fusil d’assaut, il remercia le seconde classe en subvocalisation et monta une passerelle pour gagner le pont d’envol.
Là l’attendait l’un des modèles les plus compacts de la flotte des aéronefs de reconnaissance et d’attaque, le Gufo I, que les pilotes italiens surnommait « Locusta », mais que les pilotes français avait appelé « Fennec » en raison de l’affection de leurs ainés pour un antique modèle des temps sombres apprécié pour sa robustesse et sa fiabilité. Dédaignant la vue panoramique de Butare, Faure monta dans l’aéronef et se sangla au fauteuil, après avoir salué les deux capitaines, respectivement pilote et copilote, composant l’équipage.
La lumière vacille. Le fragment suivant commence dans l’ombre.
Le Cercle des Illuminés
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